Mon ado m’échappe ?

Quand nos enfants entrent dans l’adolescence, on a parfois l’impression qu’ils nous échappent. Du jour au lendemain, la communication qui coulait naturellement change. Ils gardent plus de choses pour eux, et nous, on reste là à se demander ce qui se passe vraiment dans leur vie.

Ils deviennent plus indépendants, passent plus de temps avec leurs amis, et l’école ne les passionne plus comme avant. C’est comme s’ils s’éloignaient petit à petit… et on se pose cette question douloureuse : Est-ce que je suis en train de perdre mon enfant ?

C’est un vrai choc, ce moment de bascule dans le tourbillon de l’adolescence, où notre rôle de parent est en train de changer, pendant qu’eux cherchent leur propre chemin vers l’indépendance.

Mais au milieu de tout ça, il ne faut pas oublier : ce n’est pas que des défis ou des pertes. C’est aussi une opportunité unique pour s’adapter, encourager une communication plus ouverte et renforcer les liens qui nous unissent.

Malheureusement, cette impression de perte de contrôle réveille souvent en nous une réaction instinctive : vouloir reprendre le contrôle. Et même si c’est humain, cette réaction peut compliquer encore plus la relation avec notre ado. En voulant trop serrer les rênes, on risque de créer des tensions justement à une période où ils ont besoin d’espace pour grandir.

Revenons un instant en arrière… Tu te souviens de l’image de l’entonnoir ? Visualise un entonnoir dans ta tête.

Quand nos enfants sont tout-petits, l’entonnoir est étroit : ils ont peu de libertés, ce qui est normal. Mais plus les années passent, plus l’entonnoir s’élargit, jusqu’à l’adolescence, où ils gagnent en autonomie et en liberté.

Le problème, c’est que quand on a l’impression qu’ils s’éloignent, notre réflexe, c’est de vouloir resserrer cet entonnoir. On limite leurs libertés, on remet du contrôle, et forcément… ça crée de la frustration chez notre ado.

Le résultat ? La relation en prend un coup. Et au final, ça ne les rapproche pas de nous, bien au contraire.

On ne peut pas revenir en arrière. Et essayer de ré-appliquer cette image de l’entonnoir à un ado, surtout si on ne l’a jamais vraiment suivie avant, ça ne marche pas. Interdire tout, juste par peur de ce qui pourrait arriver, ça ne construit rien de bon. Surtout à ce moment-là, où notre rôle commence à changer : on passe de parent à coach. Et ce qu’on est en train de poser, c’est la base de la relation qu’on aura avec notre enfant devenu adulte.

Notre attitude pendant l’adolescence est cruciale. C’est un vrai investissement pour l’avenir. Ce qu’on vit maintenant pose les fondations du lien qu’on aura plus tard avec notre enfant adulte. Alors pendant cette phase de transition, souviens-toi : la manière dont tu avances aujourd’hui influence directement la qualité de ta relation demain. C’est le moment idéal pour cultiver la compréhension, bâtir la confiance, et renforcer ces liens profonds qui vont durer toute la vie.

Alors… quelle est l’alternative ? Comment traverser cette saison avec grâce et compréhension ?

Temps privilégié avec chaque enfant

Commence par intégrer des rendez-vous individuels réguliers avec ton ado. L’objectif n’est pas de parler des problèmes ou des conflits, mais de le valoriser, de croire en son potentiel, de semer des paroles de vie sur ses rêves et aspirations. Ces moments deviennent des occasions précieuses de mettre en lumière les trésors cachés en lui, ces traits de caractère qu’on ne voit pas forcément au quotidien.

Avant chaque sortie, demande à Dieu de te révéler ce qu’Il voit dans ton enfant, et comment toi, tu peux l’encourager. Parle avec foi, avec douceur, avec intention. Tu es en train de bâtir une relation solide, basée sur la confiance, qui portera du fruit bien au-delà de ces années d’adolescence.

Écouter

Je ne le dirai jamais assez : écoute. Et oui, je me le répète aussi à moi-même. Nos ados ne veulent pas qu’on refasse leur monde ou leurs projets à leur place. Et s’ils ne demandent pas de conseils, ce n’est pas ce qu’ils attendent. Ce qu’ils veulent vraiment, c’est une oreille attentive.

Apprends à écouter. C’est une clé immense pour rester connectés. Et si tu es comme moi, tu sais qu’il vaut parfois mieux se mordre la langue que dire ce qu’on pense trop vite. Trouve une manière qui fonctionne pour toi, mais retiens bien ça : écoute plus que tu ne parles.

Attends qu’ils t’invitent à donner ton avis. Et même là, sois sage dans la façon dont tu partages. C’est en respectant leur rythme que tu bâtis un climat de confiance où la communication reste ouverte.

Sois présent(e)

Tu envisages peut-être de lancer un nouveau projet, de bosser plus, de t’impliquer ailleurs… mais laisse-moi te dire une chose : ton ado a encore besoin de toi. Peut-être que tu as plus de temps qu’avant, mais as-tu encore l’énergie nécessaire pour l’investir dans ton ado ? Surtout le soir… Oui, le soir – ce n’est pas mon moment préféré non plus, mais c’est souvent là que leurs cœurs s’ouvrent.

J’ai appris à me préparer dans la journée pour ne pas être complètement à plat une fois le soir venu. Il faut trouver un équilibre entre nos responsabilités et cette disponibilité affective dont ils ont tant besoin.

Une maman, en avance dans son parcours familial, m’a beaucoup marquée : elle a fait le choix de réduire son temps de travail quand ses enfants sont devenus ados. Elle voulait être là quand ils avaient besoin d’elle, et donner le meilleur d’elle-même au bon moment. Je ne dis pas que tout le monde doit faire pareil, mais ça nous pousse à réfléchir : suis-je prêt()) à faire des sacrifices pour ma famille ?

Rien ne reste comme avant, et c’est maintenant qu’il faut investir dans la vie de nos enfants. Ils sont notre première mission, confiée par Dieu Lui-même. Les choix qu’on fait aujourd’hui façonnent la relation qu’on aura demain… et l’héritage qu’on laissera.

Ne sois pas un moulin à reproches

C’est une période de transition. Peut-être que tu n’avais jamais eu de problèmes avant, et maintenant tu te retrouves à râler tout le temps. Ce qui était mignon à 6 ans, ne l’est plus à 15… comme utiliser son pull comme serviette de table, ou renifler sans arrêt. Un ado qui ne répond pas ? Pas mignon non plus.

Mais ce n’est pas le moment de harceler. Si tu dois corriger quelque chose, cherche les bons moments, et surtout fais-le d’une façon adaptée à son âge. Il ne s’agit pas de lâcher prise sur tout, mais de choisir une communication claire, bienveillante, et respectueuse.

Pose des questions… avec sagesse

Oui, c’est un terrain délicat. Poser des questions par amour et réel intérêt, c’est important. Mais bombarder ton ado de questions pour garder le contrôle, surtout s’il se referme, ça fait plus de mal que de bien.

Peut-être que tu sens qu’il ou elle te cache des choses. Avant, tu connaissais tous ses amis. Maintenant, plus. Mais ce besoin de tout savoir, souvent motivé par la peur, n’aide pas la relation.

Pose des questions, oui. Mais respecte aussi leurs silences. Dis-leur que tu es toujours là s’ils veulent parler, sans insister tous les jours. Ne cherche pas à acheter leur confiance, gagne-la par ton attitude. Sois délicat()e. Ne rentre pas comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. Ton intention est bonne, mais la manière compte encore plus.

Renforce l’identité familiale

Implique ton ado dans la préparation des soirées en famille. Fais en sorte que ce soit des moments plaisants, pas des obligations. Priorise les repas en famille, ce sont des occasions précieuses pour créer du lien et cultiver un climat de bien-être à la maison.

Parle leur langage d’amour

Exprime leur langage d’amour de façon intentionnelle. Il peut évoluer avec le temps. Si c’était les câlins avant, c’est peut-être maintenant un simple geste d’encouragement. Observe, adapte-toi, reste curieux(e)) de qui il ou elle devient. Il n’y a pas de formule magique : sois un parent qui apprend sans cesse.

Demande pardon souvent

C’est important quand ils sont petits, mais encore plus quand ils deviennent ados. Ils sentent l’hypocrisie à des kilomètres. Ils savent quand ils ont été traités injustement. Ce qu’ils attendent, ce ne sont pas des parents parfaits, mais des parents humbles, qui donnent le meilleur d’eux-mêmes et savent reconnaître quand ils ont mal agi.

Ces quelques clés sont autant de façons concrètes de rester connectés à nos ados. Mais attention : rester connecté, ce n’est pas passif. C’est un engagement actif, un apprentissage constant.

Les ados sentent quand tu fais l’effort de vraiment les connaître. Tes excuses sincères, ta présence, et ton accueil créent un espace de sécurité pour eux.

Souviens-toi : tu vas traverser cette phase aussi. Tiens bon, reste engagé(e), et saisis toutes ces occasions de croissance et de connexion. C’est là que se construit une relation solide… pour aujourd’hui et pour demain.

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